La minute blonde:

Se lever à 7h45 pour un départ à 8h de la station de bus située à 10in de là à pieds, autrement dit: à la bourre. Pas le temps de boire ni de manger sachant que c'est encore Ramadan et que je ne peux quand même pas leur faire ça...

Attendre pendant vingt minutes que le bus se remplisse. (j'aurais eu le temps de boire et de manger chez moi...)

Passer le checkpoint sans contrôle et arriver une heure en avance à Ramallah.

Se faire baratiner par un chauffeur de taxi et diminuer le prix de 5 shekels (c'est la partie la moins blonde du jour).

Arriver finalement devant le bâtiment recherché où on aurait pu finalement se rendre à pieds.

S'y faire expliquer que personne n'y travaille aujourd'hui et que les bureaux sont fermés.

Appeler le type qu'on voulait interviewer et: "Ah mais je vous avais pas dit? c'est le premier jour des vacances pour la fin du Ramadan, personne ne travaille"

Ah... et la fin du Ramadan c'est pas demain? comprends plus rien moi...

(Pour ceux qui veulent savoir si je suis totalement blonde. Appeler le mec la veille du RDV pour confirmer : fait, quand même. Mais s'il avait décroché ça aurait été trop facile. Penser à rappeler plusieurs fois dans la même journée: oublié...)

...

Pour une fille étrangère ici, c'est facile. Facile de négocier un rabais, facile de se faire accompagner quand on est paumée, facile de trouver un petit ami palestinien (tous âges, toutes tailles dispos, hommes mariés aussi), facile aussi de passer un checkpoint devant les militaires israéliens, facile apparemment de négocier son renouvellement de visa ou son passage à l'aéroport avec une mini-jupe. On ne se fait pas constamment hêlée dans la rue, juste quelques coups de klaxons et c'est  tranquille pour rentrer seule le soir...

Il y a cependant quatre questions incontournables que tout jeune chauffeur de taxi et jeune Palestinien en général qui se respecte se doit de poser: 

- Comment tu t'appelles?

- D'où tu viens?

- Quel âge as-tu?

- Est-ce que t'es mariée?

Parfois, cela donne:

- Est-ce que t'es mariée?

- Quel âge as-tu?

- D'où tu viens?

- Comment tu t'appelles?

Si on répond oui à la question du mariage, il faut absolument dire que votre mari est ici aussi en Palestine. Sinon:

"il est pas là ton mari?" "non, il est en France" "ah... alors..."

Embouteillage à Ramallah, sur la route de Naplouse. Pas de feu de signalisation ni de bandes blanches, c'est la technique du "pousse-toi j'passe" en langage klaxon.

Vieille ville de Naplouse.

Photos de martyrs. Elles sont présentes partout sur les murs des villes de Cisjordanie et en très grand nombre à Naplouse. Les martyrs ne sont pas seulement les gens qui se sont fait exploser dans des attaques suicide. Ceux-ci ne forment en réalité qu'une infime partie des martyrs. La plupart sont des combattants de la deuxième Intifada (2000), des enfants, femmes ou hommes tués par l'armée ou les colons israéliens à n'importe quelle occasion.

Camion vole...

Ancienne fabrique de savon, bombardée par l'armée israélienne pendant la seconde Intifada, sans avoir été évacuée avant...

Horodateur local. On a compris où mettre les pièces mais impossible de voir où sort le ticket, si ticket il y a...

Magasin de poulets. Ils nous ont invité à partager leur repas alors que tout était fermé à l'heure de la rupture du jeûne du Ramadan.

Camp de réfugiés, Aska camp

Ruines romaines, village de Sebastiana

Falafels, hummous, shawerma (sandwich à la viande type kébab dans lequel on fourre au choix des frites, de la sauce piquante, de la salade, des aubergines...) pâtisseries de Ramadan, maqlouba (plat de riz et de poulet)... sans compter la chicha (appelé ici arguilé et non narguilé), le thé à la menthe, la limonade à la menthe fraîche, le café à la cardamone bien épais et dont il ne faut surtout pas avaler la dernière gorgée sous peine d'avaler le tanin...

Bref, voyage gastronomique en plus du reste!

Construction d'un tramway dans Jerusalem. Ce tramway servira pour relier Jérusalem Est et Ouest. Cette rue servait de zone tampon, de no man's land, durant la seconde Intifada entre les deux zones.

Un sondage a été récemment publié pour savoir si les passagers juifs ne craignent pas de voyager avec des passagers arabes. La possibilité de séparer le tramway entre wagons d'hommes et de femmes a également été évoquée à la demande des ultra-orthodoxes.

Ce tramway est un projet mené entre autres par l'entreprise Alstom.

http://www.haaretz.com/print-edition/news/officials-slam-racist-jerusalem-light-rail-survey-1.309620

Extérieur de Jérusalem Est, route réservée aux colons et Palestiniens autorisés. Les colons ont demandé à ce que le mur soit construit de façon plus agréable esthétiquement, déprimés par l'apparence du premier qui y était, haut de 8 à 10m et gris.

Jérusalem Est, checkpoint.

Le mur est parfois remplacé par des grillages, deux rangées de 10 à 100m de distance l'une de l'autre.

Réfugiés bédouins, Jérusalem est. Les bédouins sont parmi les plus pauvres des Palestiniens. Originaires, pour la plupart, du Négev (sud de la Cisjordanie), leurs campements sont régulièrement détruits. Ils vivent souvent sur les zones servant à enterrer les déchets.

Colonie, banlieue de Jérusalem Est. La construction de colonies est normalement gelée. Elles continuent cependant de s'étendre sous prétexte de la pression démographique, reliant entre elles, parfois par une simple route, des colonies situées à 10/15km de distance. Elles sont considérées par les colons comme faisant partie d'une seule et même colonie. Il existe aujourd'hui 207 colonies pour environ 480 000 colons en Cisjordanie, Jérusalem est inclu. Ces colonies sont parfaitement illégales selon le droit international. Il faut ajouter à cela la construction progressive d'avant-postes. Les colons s'installent ainsi progressivement sur les colines, y posant des caravanes, avant de construire. Ces avant-postes sont illégaux selon le droit international mais aussi selon le droit israélien. Cependant, leurs habitants bénéficient de la protection des militaires. On comptait en 2005 217 avant-postes en Cisjordanie.

Ariel Sharon, 1998: "Everybody has to move, run and grab as many hilltops as they can to enlarge the settlements because everything we take now will stay ours... everything we don't grab will go to them."

Jérusalem, vieille ville, quartier musulman. La vieille ville est séparée en quartiers: juif, musulman, chrétien et arménien. Même dans le quartier musulman, des colons juifs se sont installés, quitte à poser une sorte de conteneur sur le toit. Des vigiles privés les protègent.

Les trois photos qui suivent ont été prises dans les rues de la vieille ville.

Source: http://www.arij.org/

Juifs tunisiens de Jérusalem venus visiter Hébron.

Anciens commerces palestiniens fermés définitivement.

Tous les accès à la rue "palestinienne", en parallèle de celle réservée aux colons sont fermés par des murs, des grillages ou des amoncellements de gravats. Je ne sais pas qui a peint ce mur, probablement pas des colons, ils dessinent rarement des "portes" menant de l'autre côté du mur comme le font les Palestiniens...

De nombreuses fenêtres de la rue sont dans cet état.

La réécriture de l'histoire...

Quelques explications sur ces événements (extrait du guide "Palestine and Palestiniens", Alternative Tourism Group)

"During the British Mandate, the population of Hebron rose to between 10,000 - 16,000 people. The Zionist moves to create a Jewish state in Palestine caused several riots in reaction in Hebron. At the time of the national revolt in 1929, there was more than one cause; one main cause was the Zionist attempt to ignore th Status Quo agrrement on access to the al-Buraq Wall (the Wailing Wall), Islamic property, which stirred up feelings particularly in Hebron, where there was also a holy shrine to the three Patriarchs (Abraham, Isaac and Jacob) venerated by all the Jews as well as Muslims. In addition, Jewish immigration brought new citizens with no inclination to assimilate, which was disrupting the balance between the two communities living in Hebron. The growing animosity exploded into violent clashes which left sixty-seven of the Jewish community living in Hebron dead and the British evacuated the Jewish community from the city."

Charity and kindness...

De l'autre coté de la barrière, la place où l'on avait assisté à la fermeture de magasins (voir précédentes photos). Des enfants protestaient à ce moment, d'où le rassemblement de colons et de militaires de ce côté-ci.